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Pierre-Louis Delvaux, kiné, ancien membre de l'association "char à voile longevillais".

L'activité char à voile s'ouvre immédiatement sur les problèmes liés aux personnes auxquelles nous nous adressons.
L'handicapé physique, dans une phase de deuil, ou en sortie de sa rééducation, se trouve en état d'infériorité. Le faire sortir de chez lui pour revenir sur une plage, en hiver, pour pratiquer un nouveau sport n'est pas toujours chose facile.
Rééducateur dans un centre, j'ai pu juger immédiatement des difficultés qu'une telle entreprise pouvait représenter, et les résistances en face desquelles nous nous retrouvions, tant de la part des handicapés que de celles des médecins, des infirmières et quelques fois d'autres rééducateurs.
Dans le but de cette activité, nous demandons aux personnes qui prennent en main la rééducation des para - tétraplégiques d'insister sur les mobilisations des membres afin de conserver très vite des amplitudes articulaires suffisantes, renforcer les muscles des membres supérieurs, les équilibres assis et toutes les possibilités encore valables chez le patient. Penser aux transferts, à l'autonomie et donner un but pour que ce travail soit accepté par la personne handicapée. En effet si on donne très tôt une motivation chez une personne encore traumatisée par son accident, elle aura une volonté de récupération plus rapide. L'orientation vers un sport de réinsertion est à mon avis la chose primordiale à encourager. Le char à voile par l'indépendance qu'il offre (abandon du fauteuil, milieu de plein air etc...) permet de proposer très tôt une motivation importante.

J'ai dans ce but établi différentes lois.

La loi des quatre "R":

  • Recherche de l'autonomie. Le but de la rééducation ne se fait plus dans le vague. Le "A QUOI CA SERT?" disparaît.
  • Retour à l'activité de plein air, convivialité avec les rencontres de ceux qui ont déjà une pratique et peuvent en faire bénéficier les autres. Les chars sont équipés en biplace et permettent ainsi une initiation d'un handicapé par un de ses semblables ou par un valide. Effacement des différences.
  • Réadaptation hors du milieu hospitalier ou du centre de rééducation.
  • rencontres avec la famille ou les amis auxquels on peut démontrer qu'on ne sera pas une charge inerte. Les enfants vont retrouver une relation avec leurs parents handicapés, le jeu et les sensations du plein air et de la vitesse.

La loi des trois "L"

  • Lutte contre l'isolement. L'0 handicapé est apte à prendre une décision dans laquelle tout son environnement familial et amical peut s'impliquer. L'activité se pratique souvent en groupe dans un nivellement de tous. Abandon de la différence, sur un char tout le monde est pareil.
  • Liberté d'action et de lieu. Indépendance, reconnaissance de ses possibilités, amélioration de ses capacités.
  • Liaison. Retour au contact des valides et des activités journalières. Contact avec des jeunes et des enfants qui apprennent ce qu'est le handicap et comment on peut l'éviter. Autre regard sur les handicapés.

Les problèmes inhérents au handicap nous ont permis d'établir un classement de ceux-ci en deux parties:
1/ Problèmes de pathologie interne
2/ Problèmes de pathologie externe

1/ Pathologie interne 

Au premier rang il faut mettre tout ce qui se rapporte aux difficultés respiratoires que peuvent rencontrer les handicapés de toutes sortes, qui souvent sortent de longs séjours hospitaliers ou encore en centre de soins. Bronchites, rhumes, absorption de sel et d'eau par les voies respiratoires, froid, humidité.
Respect des temps de fonctions urinaires, possibilité de faire des percussions si nécessaire dans un local chauffé et isolé. Surveillance accrue en cas de chute, et reconnaissance d'un coup interne provoqué par la barre de conduite à main ou la bôme de voile. Avec la vitesse, ces coups peuvent être très violents et l'absence de sensibilité corporelle accentue la difficulté de reconnaissance. Surveillance aussi chez les traumatisés encore en période de deuil ou en centre de rééducation, devant l'effort physique que demande ce sport, border la voile, tenir la barre de direction, sont des efforts statiques qui demandent un entraînement des muscles des membres supérieurs et un effort cardiaque important puisque le coeur ne travaille qu'en résistance. Pas d'essoufflement et bien au contraire un manque respiratoire déjà diminué qui risque de s'accentuer.

 2/Pathologie externe

a/ Tous les problèmes liés aux transferts, les mêmes que ceux rencontrés pour monter en voiture. Danger de coups non remarqués, entraînant un risque d'escarres fessiers, ou au niveau des hanches. Coussin sous les fesses, temps de pratique plus court.
b/ Les risques de chavirage, qui peuvent entraîner des fractures, entorses non ressenties par les handicapés physiques. Il faut des moniteurs formés à la reconnaissance rapide d'une entorse ou d'une fracture où qu'elle se trouve.
c/ Ne jamais laisser un handi partir seul en char à voile, ni aller trop loin. Un accident mécanique peut l'immobiliser longtemps dans un coin de plage et si la mer monte!... on peut les retrouver dans l'eau très rapidement puisqu'ils n'ont aucun moyen de se libérer de l'engin sur lequel ils sont souvent attachés par précaution et confort, car ils risquent de glisser et de se faire éjecter du char.
d/ Surveiller le visage, les mains, les membres inférieurs, car le pratiquant peut avoir froid et mal ressentir son état. Les habitués auront vite fait d'apprendre leurs limites d'endurance au mauvais temps ou aux éléments extérieurs, mais les néophytes devront avoir conscience qu'ils sont en plein air, au bord de la mer, que le temps peut changer très vite, un grain monter, le vent forcir, la mer devenir grosse et monter plus vite que prévu. Les plages sont de sable dur, mais certains endroits restent mou et l'enlisement est fréquent, il faut donc insister sur le fait d'avoir de bons accompagnateurs formés aux incidents qui peuvent arriver à tous moments.


Date de création : 13/07/2012 @ 15:32
Dernière modification : 15/01/2021 @ 18:48
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